Accumulation de déchets dans les océans, émission de particules nocives par la combustion de carburant, la plupart des citoyens connaissent l’impact de leurs actions quotidiennes sur la planète… Pourtant, ils n'ont pas conscience de contribuer chaque jour à un autre type d’impact environnemental : la pollution numérique !
Le simple fait d’alimenter Internet consomme déjà une quantité titanesque d'électricité. Et pour cela, on sollicite des centrales électriques entières, générant au moins 2 % des émissions mondiales de carbone (source : erjjio studios).
Des ressources, oui, mais à crédit !
On ne fait plus l’autruche !
Mais au fait, c’est quoi
le Numérique Responsable ?
Trêve de bavardage, il faut agir ! Mais comment intégrer le Numérique Responsable au sein de sa stratégie ? Quelles solutions s’offrent aux entreprises pour changer la donne ? La réponse se trouve au cœur du numérique lui-même, avec l’éco-design et le IT for Good, des concepts engageants et destinés à réduire notre impact environnemental.
Frédéric Bordage
Fondateur de GreenIT.fr
S’il n'y avait pas eu notre plaidoyer depuis 17 ans, cette loi n'existerait pas. C'est une première mondiale, je pense que l’on peut être fier que la France soit le premier pays à légiférer sur le sujet.
Par ailleurs, la quantité de données transférées
et stockées dans le monde via Internet augmente
à un rythme exponentiel.
Le secteur mondial des technologies de l’information, de la communication et du divertissement n’est pas le meilleur élève de la classe puisque ses émissions de carbone sont égales à celles de l'industrie mondiale de l'aviation.
Mauvaise nouvelle pour les ours blancs :
elles devraient continuer à augmenter encore
très rapidement dans les prochaines années.
Le numérique contribue en grande partie à l’épuisement des ressources abiotiques – mot pompeux pour désigner les ressources naturelles non renouvelables. Eh oui, la fabrication et l’utilisation des équipements numériques nécessitent une grande quantité de ces ressources.
De plus, les énergies fossiles sont massivement utilisées pour transformer les minerais en composants électroniques puis, ensuite, pour les alimenter en électricité.
Malheureusement, les minerais (terres rares), les énergies fossiles et les autres ressources abiotiques sont par définition… rares.
L’épuisement des ressources est donc un enjeu environnemental majeur.
Depuis sa création, Internet est synonyme de quête de puissance perpétuelle.
La transformation digitale bouleverse nos sociétés,
le monde de l’entreprise et les modèles de production et de consommation. Malheureusement, le numérique ne figure pas au tableau d’honneur en matière d’écologie
Le futur sera slow ou ne sera pas. C’est la philosophie du Numérique Responsable qui nous invite collectivement à ralentir, à prendre du recul, et à réfléchir sur le numérique de demain.
C’est pourquoi le Numérique Responsable vise à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale du numérique en adoptant une démarche d’amélioration continue.
Tout commence à la source, chez les fabricants. Avec le NR, ces derniers élaborent des produits plus respectueux de l’environnement et encouragent les services informatiques à envisager des modes de fonctionnement à l’avenant :
Virtualisation ;
Gestion de l'alimentation :
Habitudes de recyclage appropriées.
Loin d’être immatérielle, une pollution bien réelle
Frédéric Peyrard
Co-président de Doing
Je pense qu’on doit tous en prendre conscience quand on se met à en parler à nos clients et faire attention à ce qu'ils comprennent aussi cela. C’est donc à nous maintenant de faire prendre conscience à nos propres clients que c'est important ! Nous devons le porter : il y a un réel enjeu d'évangélisation sur le sujet.
Ferréole Lespinasse
Fondatrice de Cyclop Éditorial
La pollution du web n’est ni visible ni tangible, alors elle passe inaperçue. Mais elle existe ! Peu de personnes se rendent compte de la pollution d’un clic, d’un « J’aime ».
Plus vite, plus fort, plus loin :
quel est l’impact du numérique
sur notre planète ?
Le Numérique Responsable…
On en est où ?
En matière de pollution numérique, la France était loin d’être un exemple ! Néanmoins, elle a récemment élaboré, avec le soutien de l’Europe, une panoplie de démarches de sobriété numérique et d’éco-conception des services numériques.
Certaines entreprises ont ainsi sauté le pas pour se lancer dans la grande aventure du Numérique Responsable.
L’extraction des ressources nécessaires au numérique et leur transformation en composants électroniques représente de loin la première source d’impacts environnementaux, suivie par les pollutions associées à la fin de vie. Sans parler du bilan carbone des Data Centers...
Fabrication, fonctionnement
et fin de vie
Nous avions déjà évoqué l’impact environnemental du numérique dans
un précédent numéro du Mag by Digital League dédié au recrutement.
Le cloud qui cache la forêt
Zoom sur les enjeux environnementaux
du numérique dans le monde…
…et en France !
Environnement + Efficacité + Économies
= Numérique Responsable
La sobriété :
réduire l’impact du numérique
IT for Green :
un pas en avant avec la loi du numérique vert
Les écolabels à la rescousse des entreprises
Les 3 écolabels les plus courants
dans le secteur du numérique
Avec la raréfaction et l'augmentation
du coût du pétrole, il y a des choses qu'on ne pourra progressivement plus se permettre : le transport en voiture, l'agriculture, l'industrie... On devra changer de pratiques parce qu'on ne pourra plus les faire fonctionner. Aujourd'hui, on a du pétrole presque gratuit pour faire tourner à peu près tout.
1
2
Jean-François Caplat
Co-président
du Groupe Isia
On assiste à un développement des nouvelles technologies entre l'intelligence artificielle, les objets connectés et la 5G. On se rend compte qu'on déploie de manière exponentielle le numérique dans nos sociétés, ce qui entraîne une explosion de la fabrication, donc des terminaux, des usages intensifs. L’usage du numérique dans son ensemble est considérable et on voit une augmentation des déchets, de la consommation de données et d'énergie, et on se rend compte que cette croissance repose sur des ressources limitées, pas renouvelables.
On réalise que nous consommerons plus de métaux d'ici 2050, donc dans les 30 prochaines années, que ce qu'on a consommé depuis le début de l'humanité.
Théophile Regnery
Business Developer
du Groupe Isia
Jean-François Caplat
Co-président
du Groupe Isia
La quête du Numérique Responsable, c'est de questionner tous nos usages du numérique. Si on continue à faire ce qu'on fait – quand on sait que 70 % du trafic internet mondial correspond à du streaming de vidéo loisir – ce n’est pas certain qu'on y arrivera comme ça ! On n’optimise pas l'utilisation du numérique, de ressources critiques non renouvelables. Mettons-la au service de causes qui ont du sens et pas n'importe quoi !
Ferréole Lespinasse
fondatrice de Cyclop Éditorial
D’après moi, il ne s’agit pas d’une mode, mais d’un sujet à prendre à bras le corps, notamment au vu des chiffres prouvant la pollution numérique, mais également en raison de la saturation cognitive des internautes. Au-delà du sujet à la mode, il est important d’avoir une vision globale du numérique, car il est souvent appréhendé à court terme. Il faut être conscient que le numérique sera une ressource critique dans quelques années !
Cédric Lejeune
Media Workflow Specialist chez Workflowers
L’enjeu est de comprendre, mesurer puis réduire la consommation énergétique
et la pollution générée par les usages numériques. Mode ou prise de conscience, ça dépend pour qui. On passe à la prise de conscience quand on commence à qualifier les risques.
Hélas, ce dynamisme soudain a aussi entraîné l’explosion de son empreinte environnementale...
Si la sobriété énergétique n’était jusqu’ici pas à l’agenda des entreprises, celles-ci prennent désormais conscience de leur impact écologique en faisant face à un défi majeur : faire évoluer leurs pratiques numériques vers plus de durabilité.
Dans le secteur du numérique, on rassemble ces évolutions sous la dénomination
de Numérique Responsable (NR). Mais où en est-on concrètement ?
En quoi le NR est-il un véritable enjeu pour les entreprises ?
Que l’on soit une entreprise, une administration ou un particulier ne change rien à l’affaire : aujourd’hui, notre vie quotidienne est rythmée par « le numérique ». Applications mobiles, digitalisation des entreprises et des administrations, nouveaux usages, nouveaux loisirs : depuis plusieurs années, le secteur connaît une croissance à vitesse grand V.
La pollution numérique en 5 facteurs
Les déchets
électroniques
L’extraction et le traitement des matières premières pour la fabrication d’équipements électroniques
La fabrication
des équipements
Les pratiques
La consommation électrique des
équipements et du réseau (aka les centrales
qui tournent à plein régime !)
Aujourd'hui, l'activité numérique utilise 4,2 % des ressources énergétiques mondiales.
2 % : c’est la part d’Internet dans les
émissions de CO2, soit autant que les transports aériens mondiaux sur un an.
(source : Gartner Inc.)
L’activité numérique génère
3,8 % des gaz à effet
de serre, l’équivalent de
116 millions de
tours du monde en voiture.
(source : Frédéric Bordage, Green IT)
L’empreinte des usages numériques dans le monde représente 2 fois
l’empreinte environnementale
de la France.
(source : Frédéric Bordage, Green IT)
En France, la consommation de technologies numériques est comprise entre 55 et 60 TWh par an, soit 13,5 % de la consommation d'électricité par les applications finales.
(source : ministère de l'Environnement)
En 2020, la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre en France était de 3,2 %.
Ces émissions pourraient augmenter de 60 % d'ici 2040 atteignant 6,7 % des émissions totales en France (en comparaison, la part du transport aérien est de 4,7 %).
(source : mission d’information de la Chambre haute)
Un euro dépensé en matériel entraîne 900 kg d'émissions de CO2.
(source : ADEME)
Cédric Lejeune
Media Workflow Specialist chez Workflowers
Cédric Lejeune
Media Workflow Specialist chez Workflowers
Du point de vue technologique, la France n'est pas en retard. D’un point de vue scientifique et technologique, elle est même plutôt bien placée.
En France et en Europe, nous sommes l'acteur qui a fait émerger ces sujets,
qui a littéralement créé les démarches de Numérique Responsable, de sobriété numérique, d'éco-conception de services et qui fournit les référentiels, les lexiques et l'ensemble des outils utilisés par tout le monde sur le sujet.
Frédéric Bordage
fondateur de GreenIT.fr
Théophile Regnery
Business Developer du Groupe Isia
Jean-François Caplat
Co-président du Groupe Isia
D’après moi, le Numérique Responsable contribue à une vision long terme : comment mettre en place des business model viables dans 30 ans ? Un grand nombre de personnes sont fascinées par l’outil sans prendre conscience des usages insidieux, des dégâts à la fois pour la planète et pour l’humanité : addiction, rapport troublé au réel, manque d’attention, difficulté de discernement et de recul critique. Il faut surtout envisager une autre manière d’appréhender les usages numériques et savoir démêler l’essentiel du superflu.
Ferréole Lespinasse
fondatrice de Cyclop Éditorial
Pour nous, le Numérique Responsable est un numérique qui respecte le plus possible le Vivant (avec un grand V pour désigner la planète, ce qui y vit et les humains) et aide à le protéger, voire le réparer. C’est un numérique dont on a réduit au maximum les impacts environnementaux, sociaux et économiques. Mais c'est aussi un numérique qui contribue à réduire les impacts environnementaux, sociaux, économiques au-delà de ses propres impacts.
Frédéric Bordage
fondateur de GreenIT.fr
Il est urgent de réaliser l’importance de limiter l’impact de l’activité humaine sur la planète. Et la pression écologique incite désormais à adopter des démarches plus vertueuses, plus responsables et plus durables.
Une question demeure sur toutes les lèvres : le NR est-il parti pour durer ou n’est-ce qu’un effet de mode un peu démago ?
Roulement de tambour… Il semblerait que, une fois la phase de découverte passée, une véritable prise de conscience soit à l’œuvre !
Les entreprises commencent à comprendre comment la consommation énergétique peut être réduite ainsi que les coûts associés. Cela passe tout d’abord par une restructuration des services numériques. Elles intègrent alors progressivement les démarches NR dans leurs projets, par petites touches, sans opérer de virage trop brutal.
Et si, finalement, la France finissait première de la classe ? Elle est en tout cas la première à se doter d’une loi destinée à prévenir, encadrer, et réduire l’impact écologique du numérique.
La loi « GREEN IT », adoptée par le Sénat le 2 novembre 2021, pose les jalons d’une régulation plus efficace de la pollution numérique. Cette loi est une première mondiale : elle témoigne de la prise de conscience de l’impact du numérique sur notre environnement.
La proposition de loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France (son vrai nom) met l’accent sur 4 grands fondements :
1
2
3
4
L’éducation : sensibiliser à l’impact environnemental et enseigner la sobriété numérique à un public très large, tant en âge qu’en type et niveau d’études.
La limite de la surconsommation : limiter l'obsolescence programmée ainsi que l’obsolescence logicielle et encourager le reconditionnement et la réparation.
La promotion d’usages numériques vertueux : promouvoir l’éco-conception
des terminaux numériques en prévoyant l’instauration d’un référentiel général.
La régulation environnementale : contraindre leæs opérateurs de réseaux
à des engagements quant à leurs émissions de gaz à effet de serre
et à leur consommation énergétique.
Augmenter la durée de vie des équipements numériques
Développer les usages du numérique écologiquement vertueux
Rendre les Data Centers moins énergivores
Sensibiliser les usagers à l’impact environnemental de leurs actions
4 initiatives du projet de loi Green IT
La création des écolabels est la conséquence directe de cette prise de conscience. Véritable gages de qualité et d’éco-responsabilité, ils sont attribués aux produits et aux services vertueux.
Pour obtenir le précieux sésame, les entreprises doivent soumettre leurs produits et / ou leurs services à l’épreuve du feu :
Un écobilan
Une analyse du cycle de vie du produit / service
Attention, les éco-labels ne doivent pas être confondus avec les auto-déclarations – non certifiées – dont se targuent de nombreuses entreprises !
Des ressources, oui, mais à crédit !
L’extraction et le traitement des matières premières pour la fabrication d’équipements électroniques
La fabrication
des équipements
Les pratiques
La consommation électrique des
équipements et du réseau (aka les centrales qui tournent à plein régime !)
Les déchets
électroniques
Cédric Lejeune
Media Workflow Specialist chez Workflowers
Avec la raréfaction et l'augmentation
du coût du pétrole, il y a des choses qu'on ne pourra progressivement plus se permettre : le transport en voiture, l'agriculture, l'industrie... On devra changer de pratiques parce qu'on ne pourra plus les faire fonctionner. Aujourd'hui, on a du pétrole presque gratuit pour faire tourner à peu près tout.
Frédéric Peyrard
Co-président de Doing
Je pense qu’on doit tous en prendre conscience quand on se met à en parler à nos clients et faire attention à ce qu'ils comprennent aussi cela. C’est donc à nous maintenant de faire prendre conscience à nos propres clients que c'est important ! Nous devons le porter : il y a un réel enjeu d'évangélisation sur le sujet.
Ferréole Lespinasse
Fondatrice de Cyclop Éditorial
La pollution du web n’est ni visible ni tangible, alors elle passe inaperçue. Mais elle existe ! Peu de personnes se rendent compte de la pollution d’un clic, d’un « J’aime ».
Mais au fait, c’est quoi
le Numérique Responsable ?
En France et en Europe, nous sommes l'acteur qui a fait émerger ces sujets,
qui a littéralement créé les démarches de Numérique Responsable, de sobriété numérique, d'éco-conception de services et qui fournit les référentiels, les lexiques et l'ensemble des outils utilisés par tout le monde sur le sujet.
Frédéric Bordage
fondateur de GreenIT.fr
Cédric Lejeune
Media Workflow Specialist chez Workflowers
Du point de vue technologique, la France n'est pas en retard. D’un point de vue scientifique et technologique, elle est même plutôt bien placée.
En matière de pollution numérique, la France était loin d’être un exemple ! Néanmoins, elle a récemment élaboré, avec le soutien de l’Europe, une panoplie de démarches de sobriété numérique et d’éco-conception des services numériques.
Certaines entreprises ont ainsi sauté le pas pour se lancer dans la grande aventure du Numérique Responsable.
On ne fait plus l’autruche !
Un euro dépensé en matériel entraîne 900 kg d'émissions de CO2.
(source : ADEME)
Jean-François Caplat
Co-président
du Groupe Isia
On assiste à un développement des nouvelles technologies entre l'intelligence artificielle, les objets connectés et la 5G. On se rend compte qu'on déploie de manière exponentielle le numérique dans nos sociétés, ce qui entraîne une explosion de la fabrication, donc des terminaux, des usages intensifs. L’usage du numérique dans son ensemble est considérable et on voit une augmentation des déchets, de la consommation de données et d'énergie, et on se rend compte que cette croissance repose sur des ressources limitées, pas renouvelables.
D'ici 2050, donc dans les 30 prochaines années, nous consommerons plus de métaux que ce qu'on a consommé depuis le début de l'humanité.
Zoom sur les enjeux environnementaux
du numérique dans le monde…
L’empreinte des usages numériques dans le monde représente 2 fois
l’empreinte environnementale
de la France.
(source : Frédéric Bordage, Green IT)
L’activité numérique génère
3,8 % des gaz à effet
de serre, l’équivalent de
116 millions de
tours du monde en voiture.
(source : Frédéric Bordage, Green IT)
2 % : c’est la part d’Internet dans les émissions de CO2, soit autant que les transports aériens mondiaux sur un an.
(source : Gartner Inc.)
Aujourd'hui, l'activité numérique utilise 4,2 % des ressources énergétiques mondiales.
…et en France !
En 2020, la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre en France était de 3,2 %.
Ces émissions pourraient augmenter de 60 % d'ici 2040 atteignant 6,7 % des émissions totales en France (en comparaison, la part du transport aérien est de 4,7 %).
(source : mission d’information de la Chambre haute)
En France, la consommation de technologies numériques est comprise entre 55 et 60 TWh par an, soit 13,5 % de la consommation d'électricité par les applications finales.
(source : ministère de l'Environnement)
Environnement + Efficacité + Économies
= Numérique Responsable
Le numérique contribue en grande partie à l’épuisement des ressources abiotiques – mot pompeux pour désigner les ressources naturelles non renouvelables. Eh oui, la fabrication et l’utilisation des équipements numériques nécessitent une grande quantité de ces ressources.
De plus, les énergies fossiles sont massivement utilisées pour transformer les minerais en composants électroniques puis, ensuite, pour les alimenter en électricité.
Malheureusement, les minerais (terres rares), les énergies fossiles et les autres ressources abiotiques sont par définition… rares.
L’épuisement des ressources est donc un enjeu environnemental majeur.
Loin d’être immatérielle, une pollution bien réelle
Le Numérique Responsable…
On en est où ?
Hélas, ce dynamisme soudain a aussi entraîné l’explosion de son empreinte environnementale...
Si la sobriété énergétique n’était jusqu’ici pas à l’agenda des entreprises, celles-ci prennent désormais conscience de leur impact écologique en faisant face à un défi majeur : faire évoluer leurs pratiques numériques vers plus de durabilité.
Dans ce secteur, on rassemble ces évolutions sous la dénomination de Numérique Responsable (NR).
Mais où en est-on concrètement ? En quoi le NR est-il un véritable enjeu pour les entreprises ?
Que l’on soit une entreprise, une administration ou un particulier ne change rien à l’affaire : aujourd’hui, notre vie quotidienne est rythmée par « le numérique ». Applications mobiles, digitalisation des entreprises et des administrations, nouveaux usages, nouveaux loisirs : depuis plusieurs années, le secteur connaît une croissance à vitesse grand V.
Plus vite, plus fort, plus loin : quel est l’impact du numérique
sur notre planète ?
Depuis sa création, Internet est synonyme de quête de puissance perpétuelle.
La transformation digitale bouleverse nos sociétés, le monde de l’entreprise et les modèles de production et de consommation. Malheureusement, le numérique ne figure pas au tableau d’honneur en matière d’écologie
L’extraction des ressources nécessaires au numérique et leur transformation en composants électroniques représente de loin la première source d’impacts environnementaux, suivie par les pollutions associées à la fin de vie. Sans parler du bilan carbone des Data Centers...
Fabrication, fonctionnement
et fin de vie
Accumulation de déchets dans les océans, émission de particules nocives par la combustion de carburant, la plupart des citoyens connaissent l’impact de leurs actions quotidiennes sur la planète… Pourtant, ils n'ont pas conscience de contribuer chaque jour à un autre type d’impact environnemental : la pollution numérique !
Le simple fait d’alimenter Internet consomme déjà une quantité titanesque d'électricité. Et pour cela, on sollicite des centrales électriques entières, générant au moins 2 % des émissions mondiales de carbone (source : erjjio studios).
Nous avions déjà évoqué l’impact environnemental du numérique dans
un précédent numéro du Mag by Digital League dédié au recrutement.
Le cloud qui cache la forêt
Par ailleurs, la quantité de données transférées et stockées dans le monde augmente à un rythme exponentiel.
Le secteur mondial des technologies de l’information, de la communication et du divertissement n’est pas le meilleur élève de la classe puisque ses émissions de carbone sont égales à celles de l'industrie mondiale de l'aviation.
Mauvaise nouvelle pour les ours blancs : elles devraient continuer à augmenter encore très rapidement dans les prochaines années.
La pollution numérique en 5 facteurs
Le futur sera slow ou ne sera pas. C’est la philosophie du Numérique Responsable, il nous invite collectivement à ralentir, à prendre du recul, et à réfléchir sur le numérique de demain.
C’est pourquoi il vise à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale du numérique en adoptant une démarche d’amélioration continue.
Tout commence à la source, chez les fabricants. Avec le NR, ces derniers élaborent des produits plus respectueux de l’environnement et encouragent les services informatiques à envisager des modes de fonctionnement à l’avenant :
Virtualisation ;
Gestion de l'alimentation :
Habitudes de recyclage appropriées.
D’après moi, il ne s’agit pas d’une mode, mais d’un sujet à prendre à bras le corps, notamment au vu des chiffres prouvant la pollution numérique, mais également en raison de la saturation cognitive des internautes. Au-delà du sujet à la mode, il est important d’avoir une vision globale du numérique, car il est souvent appréhendé à court terme. Il faut être conscient que le numérique sera une ressource critique dans quelques années !
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Un écobilan
Une analyse du cycle de vie du produit / service
Attention, les éco-labels ne doivent pas être confondus avec les auto-déclarations – non certifiées – dont se targuent de nombreuses entreprises !
Les 3 écolabels les plus courants
dans le secteur du numérique
La création des écolabels est la conséquence directe de cette prise de conscience. Véritable gages de qualité et d’éco-responsabilité, ils sont attribués aux produits et aux services vertueux.
Pour obtenir le précieux sésame, les entreprises doivent soumettre leurs produits et / ou leurs services à l’épreuve du feu :
Trêve de bavardage, il faut agir ! Mais comment intégrer le Numérique Responsable au sein de sa stratégie ? Quelles solutions s’offrent aux entreprises pour changer la donne ? La réponse se trouve au cœur du numérique lui-même, avec l’éco-design et le IT for Good, des concepts engageants et destinés à réduire notre impact environnemental.
Frédéric Bordage
Fondateur de GreenIT.fr
S’il n'y avait pas eu notre plaidoyer depuis 17 ans, cette loi n'existerait pas. C'est une première mondiale, je pense que l’on peut être fier que la France soit le premier pays à légiférer sur le sujet.
Les écolabels à la rescousse des entreprises
Ferréole Lespinasse
fondatrice de Cyclop Éditorial
La sobriété :
réduire l’impact du numérique
Pour nous, le Numérique Responsable est un numérique qui respecte le plus possible le Vivant (avec un grand V pour désigner la planète, ce qui y vit et les humains) et aide à le protéger, voire le réparer. C’est un numérique dont on a réduit au maximum les impacts environnementaux, sociaux et économiques. Mais c'est aussi un numérique qui contribue à réduire les impacts environnementaux, sociaux, économiques au-delà de ses propres impacts.
Frédéric Bordage
fondateur de GreenIT.fr
La quête du Numérique Responsable, c'est de questionner tous nos usages du numérique. Si on continue à faire ce qu'on fait – quand on sait que 70 % du trafic internet mondial correspond à du streaming de vidéo loisir – ce n’est pas certain qu'on y arrivera comme ça ! On n’optimise pas l'utilisation du numérique, de ressources critiques non renouvelables. Mettons-la au service de causes qui ont du sens et pas n'importe quoi !
Jean-François Caplat
Co-président
du Groupe Isia
Théophile Regnery
Business Developer
du Groupe Isia
D’après moi, le Numérique Responsable contribue à une vision long terme : comment mettre en place des business model viables dans 30 ans ? Un grand nombre de personnes sont fascinées par l’outil sans prendre conscience des usages insidieux, des dégâts à la fois pour la planète et pour l’humanité : addiction, rapport troublé au réel, manque d’attention, difficulté de discernement et de recul critique. Il faut surtout envisager une autre manière d’appréhender les usages numériques et savoir démêler l’essentiel du superflu.
Ferréole Lespinasse
fondatrice de Cyclop Éditorial
1. L’éducation : sensibiliser à l’impact environnemental et enseigner la sobriété numérique à un public très large, tant en âge qu’en type et niveau d’études.
2. La limite de la surconsommation : limiter l'obsolescence programmée et logicielle et encourager le reconditionnement et la réparation.
3. La promotion d’usages numériques vertueux : promouvoir l’éco-conception
des terminaux numériques en prévoyant l’instauration d’un référentiel général.
4. La régulation environnementale : contraindre les opérateurs de réseaux
à des engagements quant à leurs émissions de gaz à effet de serre
et à leur consommation énergétique.
Il est urgent de réaliser l’importance de limiter l’impact de l’activité humaine sur la planète. Et la pression écologique incite désormais à adopter des démarches plus vertueuses, plus responsables et plus durables.
Une question demeure sur toutes les lèvres : le NR est-il parti pour durer ou est-ce un effet de mode démago ?
Roulement de tambour… Il semblerait que, une fois la phase de découverte passée, une véritable prise de conscience soit à l’œuvre !
Les entreprises commencent à comprendre comment la consommation énergétique peut être réduite ainsi que les coûts associés. Cela passe tout d’abord par une restructuration des services numériques. Elles intègrent alors progressivement les démarches NR dans leurs projets, par petites touches, sans opérer de virage trop brutal.
Cédric Lejeune
Media Workflow Specialist chez Workflowers
L’enjeu est de comprendre, mesurer puis réduire la consommation énergétique
et la pollution générée par les usages numériques. Mode ou prise de conscience, ça dépend pour qui. On passe à la prise de conscience quand on commence à qualifier les risques.
IT for Green :
un pas en avant avec la loi du numérique vert
Et si, finalement, la France finissait première de la classe ? Elle est en tout cas la première à se doter d’une loi destinée à prévenir, encadrer, et réduire l’impact écologique du numérique.
La loi « GREEN IT », adoptée par le Sénat le 2 novembre 2021, pose les jalons d’une régulation plus efficace de la pollution numérique. Cette loi est une première mondiale : elle témoigne de la prise de conscience de l’impact du numérique sur notre environnement.
La proposition de loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France (son vrai nom) met l’accent sur 4 grands fondements :
Augmenter la durée de vie des équipements numériques
Développer les usages du numérique écologiquement vertueux
Rendre les Data Centers moins énergivores
Sensibiliser les usagers à l’impact environnemental de leurs actions
4 initiatives du projet de loi Green IT